dimanche 30 septembre 2012

La remontée du Rhône - de Valence à Condrieu

Vendredi 4 Mai 2012, mon père vient nous chercher après le boulot, il nous emmène à Valence, au port de l'Epervière. Kiss nous attend sagement, on avait quand même donné nos coordonnées aux résidants du ponton, afin qu'ils nous préviennent en cas de problème.
On empile notre bazar dans le bateau, on va manger un bout à la cafet' du coin, on remplit un bidon de gasoil, et dodo.

Samedi 5 Mai 2012 : Debout aux aurores, Valérie ne fait pas le pont, elle doit être en cours le lundi, il nous faut donc arriver pas trop tard dimanche soir à Condrieu, pour avoir le temps de vider et ranger le bateau.

On sort du port, et on met le clignotant à droite, direction Condrieu.
Il a beaucoup plu fin avril, et le Rhône est en crue, la semaine précédente j'ai surveillé tous les jours les relevés de débits sur le site de la CNR, ça commence à baisser doucement, mais c'est encore bien supérieur à ce que nous avons eu, lors de la première partie de la remontée.
Pas le temps de rêver, l'eau marron, bien boueuse, est puissante, il faut mettre les gaz si on veut avancer un peu.
Notre vitesse par rapport à la berge est quelque peu déprimante, il vaut mieux regarder l'eau glisser autour du bateau, là on a l'impression que ça avance bien!
Arrivés à la première écluse on se concerte pour savoir si on continue notre rythme d'escargot, ou si on retourne à Valence pour laisser le bateau le temps que le Rhône se calme.
Je suis mitigé, Val est motivée, banco, je contacte l'éclusier par VHF et on continue de monter.
C'est long, c'est bruyant, mais on remonte.


Heureusement on arrive dans des coins sympas, on traverse Tournon, et Tain l'Hermitage. Des chouettes villages entourés de vignes en terrasse. Il y a des berges aménagées, les pêcheurs ou les badauds nous regardent passer, parfois on ne va pas beaucoup plus vite que les marcheurs....


Arrivés à l'écluse de Gervans, l'éclusier nous demande de patienter avant d'entrer, car un "commerce" arrive.
On se met au ponton d'attente, et on lui emboîte le pas dès qu'il rentre dans l'écluse. Fallait pas louper la manoeuvre pour attraper le bollard, car le "commerce" nous avais laissé juste la place de s'amarrer. L'éclusier lui fera d'ailleurs remarquer qu'il aurait pu s'avancer au fond du sas, pour laisser de la place au "navire de plaisance" (c'est nous!).

Nous continuons notre progression vers le Nord, il faut sans cesse surveiller la surface du fleuve, car de nombreux débris et objets en tout genre viennent à notre rencontre. Des brindilles, des branches, mais également des troncs, des bouts de plastiques, une bouteille de gaz. Malgré notre vigilance, une branche est allée faire des mamours à la tripale (hélice du moteur), ça a fait un drôle de bruit et j'ai eu le palpitant à 120, le temps de voir la branche ressortir et le bruit s'arrêter.
En fin de journée on arrive à l'écluse de Sablons, la pluie a rejoint l'écluse en même temps que nous. Heureusement mon pote Mathieu (http://voilierdemat.canalblog.com) , qui habite pas très loin, nous attend après l'écluse. Il nous a proposé une douche chaude, une soupe Thaïlandaise, et un lit chaud. Ça ne se refuse pas, on laisse le bateau au ponton de l'écluse pour la nuit, et on passe une super soirée (merci Mathieu et Marie).

Dimanche 6 mai 2012, il fait grand beau, pas un brin de vent, le niveau du Rhône a franchement baissé, et il est tout calme... Bizarre, mais on ne va pas se plaindre. En route pour Condrieu.
La navigation s'effectue sur une portion canalisée du Rhône, les berges sont donc en béton, et il y a des industries tout le long, chacune avec son ponton de chargement/déchargement.
Heureusement comme il n'y a quasiment pas de courant ça avance bien, et on finit par retrouver le Rhône naturel.
En approchant de Condrieu le Rhône est encaissé, il y a des villages suspendus sur les collines, c'est assez chouette.

Alors qu'il nous reste plus qu'un kilomètre et demi à parcourir, nous voyons d'un coup une barrière de débris foncer vers nous, le slalom recommence, et le courant est de nouveau bien présent. Le barrage de Pierre-Bénite en amont devait être "fermé", d'où le niveau bas, et le courant faible, ils viennent de rouvrir les vannes d'un coup, heureusement que Condrieu est en vue.
La fin de l'après-midi se passe tranquillement, on range le bateau, on l'amarre solidement, et on va se balader autour du téléski nautique.




mardi 7 août 2012

La remontée du Rhône - de Port Camargue à Valence

Lundi 9 avril
8h, comme prévu le vent est tombé dans la nuit, il fait grand beau temps. Je démarre le Yanmar pour qu'il chauffe tranquillement. On range tout ce qui traîne et c'est parti.
Etant donné notre tirant d'eau nous ne pouvons pas passer par Aigues-Mortes pour rejoindre le "canal du Rhône à Sète", nous sommes obligés de faire un détour jusqu’à Frontignan.
On quitte Port Camargue direction Frontignan
Tout se passe bien, le moteur ronronne tranquillement. Je suis un peu stressé, il faut que le moteur continue de ronronner tranquillement jusqu'à Lyon. Dur d'avoir confiance dans le moteur d'un bateau que l'on vient d'acheter, et dont on ne connait pas l'historique.
Arrivés à Frontignan, on met le clignotant à droite, et c'est parti pour le "canal du Rhône à Sète". En gros c'est un canal creusé au milieu des étangs salins qui bordent la côte. On croise ou on se fait doubler par des pénichettes de location. Heureusement on ne rencontre pas de gros bateaux de commerce, car le canal n'est pas très large, et avec nos 1m75 de tirant d'eau je n'ose pas trop serrer la berge.
Sur le canal du Rhône à Sète
Le trajet se poursuit tranquillement, lorsque la nuit tombe nous ne sommes plus très loin de Saint-Gilles. Nous cherchons un petit coin où se poser pour passer la nuit. On finit par se mettre à couple d'un gros voilier en acier, qui semble en cours de construction. Nous avons eu le bruit du moteur toute la journée, et nous aurons le bruit des pétards à oiseaux toute la nuit !

Mardi 10 avril.
Il fait gris...la météo annonce de fortes rafales de vent du sud dans la vallée du Rhône, que l'on devrait rejoindre dans l'après midi.
Après quelques kilomètres sur le canal (en fluvial on n'exprime pas les distances en milles, mais en kilomètres), nous arrivons à l'écluse de Saint-Gilles. C'est la première fois que nous allons passer une écluse. Nous enfilons les gilets (obligatoire dans une écluse). Je n'ai pas le canal VHF de l'écluse dans le livre sur le Rhône, et je ne vois pas de panneau à l'entrée de l'écluse, pas grave le feu est vert, on entre dans le sas. L'éclusier super sympa vient nous voir et papote 5 minutes avant de nous écluser.
L'écluse de Saint-Gilles
On attaque maintenant le "Petit Rhône", un bras du Rhône qui va d'Arles jusqu'aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Il y a un peu plus de courant et le vent du sud commence à souffler en grosses bourrasques accompagné de gouttes éparses. La surface de l'eau est recouverte par endroit du pollen cotonneux des peupliers, je surveille régulièrement le rejet d'eau de refroidissement à l'échappement car j'ai peur que ce pollen bouche la prise d'eau du moteur. Il n'en sera rien.
Vers 14h nous arrivons enfin sur le Rhône. Le vent est bien monté dans les tours (rafales à 40 noeuds), il souffle contre le courant ce qui lève un clapot court et creux. Sans voile pour nous appuyer, nous bouchonnons. Le courant est assez fort, je suis obligé de pousser un peu plus le moteur si on ne veut pas faire du surplace.

Depuis que j'ai augmenté le régime, il y a un bruit de toc toc assez inquiétant. On dirait quelque chose qui cogne sur la coque. Je fouille dans le coffre de cockpit pour voir si les vibrations du moteur ne feraient pas taper quelque chose contre la coque...Mais j'ai beau fouiller, et changer les choses de places, le bruit est toujours présent, il semble provenir de sous la coque...J'imagine tous les scénaris : l'arbre d'hélice qui tape contre la coque à la sortie du tube d'étambeau, ou bien l'absence de bague hydrolube qui ferait taper l'arbre contre la chaise d'arbre..ou encore l'hélice qui tape contre la coque..pas le choix il faut continuer, on ne va pas s'arrêter en plein milieu du Rhône. Une heure plus tard le vent s'est calmé, et le toc toc sous la coque est toujours là...c'est angoissant.
Vers 21h nous arrivons a l'écluse d'Avignon, toujours avec notre toc toc... Ça suffit pour aujourd'hui, la pluie et le toc toc m'ont démoralisé, le repas préparé par valérie est vite avalé et au dodo. On passe une nuit tranquille au ponton d'attente de l'écluse.

Mercredi 11 avril
L'idée de continuer la remontée avec ce bruit de toc..toc sans connaitre son origine m'inquiète. Je scotch la caméra étanche au bout de la gaffe, et j'envois tout ça inspecter l'arbre d'hélice, et la chaise. En visionnant le film rien d'anormal, l'hélice ne touche pas la coque, l'arbre ne touche pas le tube d'étambeau, et la bague hydrolube est bien en place. Du coup je ne sais toujours pas d'ou vient mon Toc..Toc :(
En prévision de ce genre de désagrément j'ai embarqué mon masque et mon tuba. Après un peu d'auto-persuasion sur le fait que l'eau ne doit pas être si froide, me voila a barboter dans le Rhône pour inspecter tout ça de plus près. Il s'avère que c'est la chaise d'arbre d'hélice qui a du jeu et fait Toc..Toc dans la coque. Je ne peux rien y faire pour l'instant, il faudra que ça reste comme ça jusqu’à Lyon.

Kiss devant l'écluse d'Avignon
Le ciel est bleu, le soleil brille, et je sais d'ou vient mon Toc..Toc, le moral est bon et c'est parti pour une journée de moteur, et de Toc..Toc !
La remontée suit sont cours lentement mais surement, on enchaîne les écluses, et Val est de plus en plus forte au lasso pour attraper les bollards.
Après 5 kilomètres de canal ou le courant est très fort, et donc ou on avance doucement, très doucement, on arrive a l'écluse de Bollène. Avec 23m de montée c'est la plus haute de France et une des plus hautes d'Europe.
rail de guidage des bollards
Ecluse de bollène

 Après ce saut de 23m, notre lente remontée se poursuit, vers 21h on arrive a l'écluse de Chateauneuf, ou on passe la nuit en compagnie d'un petit bateau moteur qui descend de Mâcon jusqu’à Sète.

Jeudi 12 avril
Si mes calculs sont bons, on devrait être à Valence ce soir. Valérie a appelé le port de l'Epervière, ils ont de la place pour garder notre bateau 1 mois. On a donc changé nos plans : la remontée prend plus de temps que prévu, on est invité sur Lyon samedi soir, et la météo annonce de fort vent du Nord à partir de vendredi après midi. On a donc décidé de faire une pause dans la remontée à Valence, et on retournera chercher le bateau fin Avril pour finir de le ramener jusqu’à Lyon.
La journée se passe sans encombre, en cours d'après midi le ciel commence à se charger, et on arrive à Valence poursuivis par un orage.
l'orage nous poursuit
En fin d'après midi Kiss est amarré au quai d'accueil du port de l'Epervière. On profite d'une bonne douche chaude, et on se fait une soirée crêpes!

Le lendemain c'est rangement, détente. Guy, que je connais du site Edelvoilier a son first 235 à Valence, il nous rend une petite visite en famille. En fin de journée mon père vient gentiment nous chercher avec tout notre bazard, pour nous rapatrier sur Lyon. Le lendemain matin, réveil à 5h, je prends le train pour aller récupérer la voiture qui m'attend à Lunel, chez le vendeur.

Dans le prochain message une vidéo de l'éclusage a Bollène.


mercredi 27 juin 2012

la remontée du Rhône - préparation

Comme convenu avec le vendeur, nous redescendons à Port Camargue le We de Pâques, afin de récupérer le bateau.
Avec Valérie nous sommes en vacances une semaine. Le but est de remonter le bateau jusqu’à Lyon par le Rhône.
C'est une première pour nous. J'ai toujours eu envie de faire la descente du Rhône, du coup j'ai passé le permis fluvial il y a quelques années, mais je n'ai jamais eu l'occasion de le mettre en pratique. Avant de partir je me renseigne sur internet, pour le trajet à suivre et les trucs et astuces pour passer les écluses.
Mon pote Olivier, dont j'ai suivi la construction du bateau il y a quelques années http://construiresonvoilier.free.fr/ a déjà fait le trajet plusieurs fois. On se fait une bouffe bien sympa, et il me donne pleins de conseils, il me prête également son guide fluvial du Rhône qui se révélera très précieux.
Samedi 7 avril, on a RDV à Lunel chez le vendeur. J'ai pris au club de voile des gros pare battages, des planches de bois, des cordages, des bidons pour le fioul, la caisse à outils, le frigo, plus nos affaires pour une semaine, autant dire que la voiture déborde!
Arrivés à Lunel, on fait les papiers de la vente, et on charge toutes nos affaires dans la voiture et la remorque du vendeur, direction le bateau, avec un pit-stop à la station service pour remplir 75 litres de gasoil dans les bidons.
A Port Camargue c'est la fête, le WE de Pâques c'est le salon nautique. Heureusement le vendeur a accès au parking et on peut se garer pas trop loin du bateau pour décharger toutes nos affaires, on emmène même la remorque sur le ponton, au pied du bateau, les voisins de ponton n'avaient jamais vu ça!
Le samedi après-midi se passe tranquillement : rangement du bateau, petit avitaillement, on n'est pas pressé la météo annonce 30 noeuds pour le lendemain, on attendra donc lundi pour bouger. En fin de journée on accueille Mumu et son mari qui sont de passage dans le coin avec leur camping-car, apéro, puis soupe et dodo.
Val, Mumu et Christian
Dimanche, après avoir dit au revoir à Mumu et Christian, je m'attaque au moteur. Je voudrais faire une petite vérif avant qu'il soit longuement sollicité pour la remontée du Rhône. Au programme : changement du rouet de pompe à eau, vidange, vérif courroie, vérif du niveau d'huile dans l'inverseur. Tout ceci est nouveau pour moi. J'ai jusqu’à présent uniquement eu des hors bords. Tout se passe bien, sauf arrivé au niveau de la courroie de pompe à eau. Celle en place commence à montrer des signes d'usure! Pas grave il y en a une de rechange dans le bateau, malheureusement après examen elle n'est pas en meilleur état que celle en place. Heureusement c'est le salon nautique à Port Camargue, le revendeur Yanmar est ouvert et me trouve une courroie.
La tête dans le moteur
Dimanche en fin de journée tout semble ok pour le moteur, la météo est bonne pour le lendemain.
Je passe un petit coup de fil à Delphine, avec son mari (Gael) et leurs trois enfants; ils habitent un bateau acier qu'ils sont en train de préparer pour un grand départ prévu mi-juin, vous pouvez suivre leur histoire sur leur blog : http://elsouerte.e-monsite.com/
Ils nous reçoivent pour un apéro qui se prolonge avec du rhum et de la pizza.
On ne se quitte pas trop tard, demain il faut se lever, on attaque la remontée du Rhône, mais ça c'est pour le prochain épisode !




mercredi 6 juin 2012

l'achat

Une fois la décision de faire une boucle Atlantique en 1 an prise, il faut trouver la monture.
Notre Challenger Scout (7m20) nous convient très bien pour faire du cabotage pendant une semaine. Mais il n'est pas assez confortable ni sécurisant pour vivre à bord un an et traverser l'Atlantique.
Etant donné notre petit budget, le choix était assez restreint, ce serait un voilier entre 9 et 10 m.
Le First 30 m'attirait bien, car je lui trouve une belle gueule, et surtout c'est un bateau avec une sacrée réputation, il y en a plusieurs qui ont déjà fait ce périple, et même plus.
J'ai donc posté un message sur le forum de l'association First 30, pour chercher un First 30 abandonné ou abimé, à retaper.
Un membre me contacte, il a peut être un First 30 pour moi, il vient de subir un abordage, le bordé tribord est endommagé et le mât cassé en 2. Mais pour l'instant il faut attendre les conclusions de l'expert et l'avis de l'assurance.
Quelques mois plus tard, cette personne me recontacte, l'expert a validé les devis, et l'assurance est ok pour le rembourser, mais il ne souhaite pas faire faire les réparations, préfère vendre le bateau en l'état et en acheter un autre avec l'argent de l'assurance.
Avec Valérie nous descendons donc à Port Camargue le 1er avril pour voir le bateau. J’évalue l'étendue des dégâts et l'état du moteur, pendant que Valérie vérifie que le gabarit et le confort intérieur du bateau lui conviennent.
Tout est ok pour nous, on est d'accord sur le prix avec le vendeur, tope la on vient le chercher le We prochain (We de Pâques).